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Voici, enfin, (on a failli attendre...!) notre dossier complet sur "Les Voix d'enfer", le projet éducatif et musical qui a amené la Chorale du collège Ségurane et le groupe de Heavy-Prog', Spheric Universe Experience à travailler ensemble sur "The Key" un titre du groupe, et qui a fait sortir les élèves des sentiers battus de la Star Ac', du Rap et autres Pop ou variété française, pour leur faire découvrir un genre musical moins médiatique chez nous, le Hard Rock ou Métal (appellations génériques simplistes, j'en conviens, mais qui, pour le grand public ont valeur de points de références dès lors que l'on parle de ce genre musical au sens large...).
Découvrez  toutes les coulisses, de l'idée de départ au résultat final sur la scène du Tomawok Fest - Part 4 !
 

LES PARTENAIRES
 Les élèves de la CHORALE DU COLLEGE SEGURANE de Nice
 Stéphane TARDIVAT, Professeur de Musique au Collège SEGURANE
 SPHERIC UNIVERSE EXPERIENCE, groupe de Métal Progressif
 Fanny GIORDANA, Infographiste free-lance
 Manon LAZZARI, Etudiantes en BTS Audiovisuel
 Céline FERNANDEZ, Présidente de l’Association culturelle ALIVE
 Marc FERNANDEZ, Directeur Artistique et Technique de l’Association culturelle ALIVE
 Maud REGENT, Chef de Projet, bénévole à l’Association culturelle ALIVE

UN PROJET PAR ETAPES
Sa force ? Des partenaires complémentaires au service d’un projet culturel, artistique et pédagogique. Tous bénévoles, la passion de la musique et du spectacle les ont réunis pour un spectacle original, unique et de qualité. Ce projet participe au développement de réseaux entre amateurs et professionnels culturels locaux et à la coopération entre les mondes scolaire et du spectacle vivant.
Les 60 élèves de la Chorale du Collège Ségurane à Nice ont travaillé pendant 5 mois sur un titre de l'album "Anima" du groupe de métal progressif Spheric Universe Experience.
"The Key" le titre en question, a été arrangé en intégrant des chœurs à deux voix, en collaboration avec Stéphane Tardivat, le professeur de chorale, et Frédéric Colombo, clavier du groupe.
Dès janvier 2008, la chorale a répété au Collège, d'ailleurs les élèves et leur professeur ont eu l’opportunité d’échanger et de partager un moment en classe avec John, bassiste et Ranko, batteur du groupe Spheric Universe Experience, lors d’une répétition en présence des deux groupes. Impressionnés par le travail des élèves avec leur professeur, John et Ranko étaient encore plus impatients de jouer leur titre en live fusionné aux voix de la chorale.
Ils ont été très touchés par l’accueil chaleureux des élèves le jour d’une de leurs répétitions et de leur intérêt pour leur musique … et leurs autographes !
Derniers réglages à la répétition générale avec le groupe Spheric Universe Experience, au CAL Bon Voyage à Nice le samedi 3 Mai, avant la représentation finale sur la scène du Tomawok Fest - Part 4, le samedi 17 Mai 2008, au Théâtre de Verdure de Nice.
 
Programme de l'association Alive, Le Tomawok Fest proposa une fois de plus un plateau exceptionnel : Black Bomb.A, Hacride, Blazing War Machine, Nightmare, Artefact… et Spheric Universe Experience qui ouvrait le show.

En cliquant sur les liens, ci-dessous, vous pouvez visionner des diaporamas retraçant le parcours de tout ce petit monde, jusqu'au Tomawok Fest.
	Des répétitions...		...au Tomawok Fest.

Pour finir, voici l'interview de la personne à la base du projet et qui s'est démenée pour aller au bout de son idée, à savoir... Maud Regent :
Interview réalisée par Bab, par Internet, le 10 Janvier 2009.

MetalRock06 : Salut Maud, presque une année après l'événement, reprenons la chronologie à partir de la génèse du projet, de ton idée donc, comment t'est-elle venue à l'esprit ? Tu ne t'es pas levé un jour en te disant  "Tiens, aujourd'hui je vais faire jouer un groupe de Heavy Prog' avec une chorale"...

Maud : En fait, ma rencontre avec le métal s’est passée lorsque j’ai commencé à être bénévole dans l’association Alive. La rencontre a d’abord été humaine, avec Marc et Céline Fernandez qui ont su monter une équipe vraiment sympa et passionnée par la musique et l’envie de promouvoir la scène de musiques actuelles. J’ai donc participé à la première édition du festival Tomawok en 2006.
L’année suivante, j’ai été amenée à présenter un projet à mon jury de licence professionnelle culturelle que je suivais par correspondance.
Je voulais allier la musique métal avec autre chose… un élément insolite. J’avais aussi envie de travailler avec des enfants, vers un certain objectif pédagogique lié à la musique… J’aime bien cette idée d’ouvrir les plus jeunes à la musique et la pratique artistique.
J’ai moi-même eu des parents qui m’ont fait découvrir des artistes comme Gainsbourg, Ferré, mais aussi The Doors, Pink Floyds, Ray Charles, Otis Redding … sans compter les expositions et autres manifestations culturelles. J’ai aussi un magnifique souvenir de la préparation d’une fête d’école primaire, où nous sommes allés enregistrer en studio la propre bande son de notre propre spectacle. Cette ouverture artistique et musicale m’a beaucoup apporté, dans ma vie personnelle et professionnelle.
J’avais donc envie de développer un projet qui permettrait aux enfants de vivre une expérience dans les coulisses du spectacle… plus que ça : être acteur de ce spectacle !
J’avais aussi envie de porter un projet qui proposerait un autre regard sur un genre musical sévèrement jugée, en faisant participer des enfants d’horizons différents. Je voulais créer une opportunité d’ouvrir le festival à d’autres publics…
J’ai donc commencé à agencer tout ça et le projet a pris forme. L’aspect vidéo s’est rapidement imposé. Pour conserver une trace de cette aventure, il fallait qu’on ait des images et du son ! Oui, le projet prenait vraiment forme…

MR06 : Comment as-tu trouvé les intervenants pour ce projet, à savoir, le groupe S.U.E. d’un côté et la Chorale du Collège Ségurane de l’autre ? Et a-t-il été facile de les convaincre (à) d’adhérer à ton idée ?

Maud : Le projet posé sur papier, je suis allé proposer mon idée fumante à Marc, directeur artistique du festival Tomawok. Il a tout de suite accroché et on a réfléchi aux différents partenaires à réunir. Avec sa précédente association, il avait monté un projet avec les classes de musique de plusieurs collèges de Nice et ses environs, le projet « d’Ecoles en Chorales ». Il m’a donc parlé de Stéphane Tardivat avec qui il avait travaillé. J’ai pris contact avec lui et lui ai présenté le projet. Il a tout de suite été branché. Il faut dire que ses élèves sont des chanceux. Stéphane est un professeur exceptionnel, tant dans sa pédagogie que dans ses choix artistiques. Sa chorale travaille des chansons de genres musicaux très hétéroclites, de Nougaro, Renaud et Cohen à Muse en passant par Scorpions, Pink Floyd et The Cranberries. Ils participent ainsi à des scènes locales comme la Fête de la Musique et le Téléthon. J’avais auparavant écouté les CD produits lors « d’Ecole en Chorales », j’étais donc plutôt confiante.
Ca a été un peu plus délicat pour trouver le groupe qui accepterait de se lancer dans un tel défi, et qui pourrait être programmé au prochain festival Tomawok. Finalement nous avons proposé au groupe Sphéric Universe Experience. Ils font partie de la scène locale montante, et se produisent déjà en Europe et aux Etats-Unis. Leur musique, du métal progressif, ou heavy prog, pouvait très bien coller avec une chorale d’enfants. Les envolées classiques du clavier, la voix puissante et chaude du chanteur, la batterie lourde et énergique…
Ce fut un oui immédiat de leur part ! Restait à choisir le ou les titres à travailler. Ce fut « The Key » qui s’imposa, la version album avait déjà des prémices de chœurs, on imaginait bien les enfants chanter sur cette composition. Ensuite, Stéphane et Fred, le clavier, se sont mis en contact pour travailler sur les arrangements de la partition. Le côté « anges et démons », des enfants associés à du métal, me plaisait décidément bien.
Il me fallait aussi trouver une équipe vidéo pour filmer et monter le film du projet. J’ai fait appel à une amie, Manon Lazzari, qui a tout de suite été intéressé par mon projet, son aspect insolite et l’objectif de tourner un film sur plusieurs mois, au cœur un événement concert au cœur du sujet.
Finalement cela a roulé tout seul, du début à la fin d‘ailleurs, et le projet s’est monté très rapidement car tout le monde a été partant tout de suite. Je ne pense pas que l’association d’une chorale d’enfants et d’un groupe de heavy métal sur une scène live ait déjà eu lieu ! J’étais d’autant plus inspirée… j’entendais « The Wall » des Pink Floyd dans ma tête…

MR06 : Je suppose que la logistique pour faire se rencontrer et répéter 5 musiciens + une chorale de 50 à 60 personnes n’a pas dû être simple ?

Maud : La force de ce projet a été la participation de tous, à fond ! Et bénévolement !
Il s’est construit grâce aux compétences de chacun mises au service du projet. Je souhaite le souligner car ça a été la clé de sa réussite.
Pour les répétitions de la chorale, une fois les partitions prêtes, Stéphane a intégré le morceau au répertoire des élèves faisant partie de la chorale, qui répètent chaque semaine pendant la pause du déjeuner. Je suis venue avec Manon pour filmer quelques images des répétitions ainsi que la venue de John et Ranko de SUE à l’une des dernières avant la générale.
La logistique a été plus compliquée pour la répétition générale. Elle a eu lieu à la Black Box du Centre d’Animation et de Loisirs Bon Voyage à Nice gracieusement mise à disposition par la Mairie de Nice. Stéphane a organisé le rendez-vous avec les enfants et quelques parents pour venir en tramway. L’équipe technique bénévole a ensuite pris le relais pour la partie installation et répétition des musiciens avec la chorale. De mon côté, j’ai changé plusieurs fois de casquettes : accueil, catering, planning, photos…
Le jour du concert, il y avait beaucoup d’aspects à gérer mais j’ai fait appel à deux amies pour encadrer les enfants, en plus de Stéphane et moi. Pendant quelques heures ça a été la course mais tout s’est parfaitement bien déroulé, tant en backstage que sur scène.

MR06 : Au fait, pour en revenir à la question « A-t’il été facile de les convaincre ? » Comment ont réagi les parents des enfants de la chorale par rapport au fait que leurs enfants allaient jouer avec un groupe de « Hard Rock ou encore Métal » selon les termes qui ont pu être employés par leurs « chérubins » quand ils leur ont annoncés la chose ?

Maud : Je n’avais pas vraiment de craintes de refus de la part des parents. En fait ils étaient déjà habitués aux choix éclectiques des chansons que Stéphane faisait travailler à ses élèves. J’ai quand même préparé, pour les rassurer, une petite présentation écrite des tenants et aboutissants du projet. Aucun parent n’a émis d’objection quand au style musical. Ils ont adhéré au projet dès le départ, et j’en ai eu confirmation lors des interviews tournées le jour du concert. Certains m’ont avoué avoir été un peu surpris du choix musical mais lorsqu’ils ont entendu leur enfant répéter le morceau dans sa chambre avec le cd fourni par le professeur de musique, ils ont perçu la musique différemment. Cette impression a été encore plus forte lorsqu’ils ont assisté à la répétition générale. Ils étaient pressés de voir le résultat sur scène le jour du festival.
Après le concert, de nombreux parents m’ont remercié et m’ont encouragé à recommencer cette initiative ! Mon but aurait-il été atteint… ?!

MR06 : Arrivons-en à cette journée du 17 Mai 2008. Peux-tu nous la décrire, telle que tu l’as vécu, avec tes angoisses ou non, face à tout ce qu’il y avait à gérer en amont de la prestation Live qui allait se dérouler dans l’après-midi…

Maud : Dès le matin, il fallait préparer l’arrivée des enfants et le stress est monté d’heure en heure. Le rendez-vous avec les parents, leurs enfants et Stéphane était prévu à 16h30 et ils étaient tous bien à l’heure. Et là ce fut la tornade pendant quelques heures : accueil des parents et des enfants, placement sur scène aux balances, interviews des parents, maquillage des enfants, entrée sur scène des Voix d’Enfer, retour des enfants aux parents… tout cela avec une caméra à la main !
La pluie avait accueilli les élèves pendant les balances sur scène et le public commençait à se regrouper devant l’entrée du Théâtre de Verdure. Mais les élèves sont restés extraordinairement sages et concentrés, sûrement aussi un peu stressés. Les balances se sont bien passées et les élèves sont ensuite revenus en backstage pour le maquillage. Ils étaient prêts, il ne pleuvait plus, le public était déjà rentré et appelait sur scène le premier groupe Spheric Universe Experience.
Les musiciens ont commencé leur set et la tension est montée quand 5 minutes nous séparaient de l’entrée de la chorale sur scène, devant plus de 800 personnes !
Les choristes se sont silencieusement rassemblés et nous les avons dirigés vers leurs coulisses respectives, selon le groupe de voix. Je voyais les élèves qui attendaient et prenaient conscience du public… ils ne disaient pas un mot ! Moi non plus, j’attendais le moment fatidique.
Les musiciens ont enfin introduit leur dernier morceau et m’ont appelé à venir saluer le public. Franck, le chanteur, m’avait prévenu qu’il me ferait signe mais là… je suis arrivée en courant et j’ai vu le public devant moi, impressionnant ! J’ai ensuite espéré que les enfants soient plus concentrés que moi car je n’ai pu sortir qu’un mot : « Bonsoir ! ». Je me suis d’ailleurs faite charrier par un journaliste d’une émission de radio à laquelle nous avions participé, et qui était présent au festival… selon lui, j’étais plus bavarde au micro du studio de la radio…
A mon grand soulagement donc, John, le bassiste, a pris le relais et a présenté ce qui allait suivre. Je me suis donc éclipsée de la scène, je voulais laisser la place aux artistes.
Les élèves sont rentrés sur scène et je les ai encouragé ! J’étais à fond !
C’est là que le vrai stress a commencé… j’ai laissé ma camera à une de mes amies en backstage et j’ai couru en régie façade pour voir et écouter le spectacle. Leur spectacle ! Notre spectacle ! J’ai croisé les doigts et j’ai espéré que les enfants ne soient pas être trop intimidés pour chanter.

MR06 : Finalement, les jeunes sont montés sur scène, un peu timides, pour le morceau « The Key » mais tout s’est bien passé et la prestation a été superbement acclamée à la fin, par le public du Tomawok Fest. Tout le monde avait « la banane ».
Qu’as-tu ressenti à ce moment, un grand ouf, un p’tit peu de fierté (car tu es allé au bout de ton idée), autre chose ?

Maud : Lorsque les musiciens ont appelé les élèves sur scène, le public a vraiment suivi et les enfants ont été ovationnés ! C’était très sympa et j’étais très contente que les musiciens jouent le jeu à fond. En face, le public, composé des métalleux, mélangés aux parents munis de leurs caméras et appareils photos, mettait une ambiance chaleureuse mais insolite ! Lorsque j’ai entendu les premières notes du morceau, je me suis dis : « ça y est, c’est parti ! On va voir ce que ça donne ! ça va le faire ! »
Je regardais aussi les gens autour de moi et leurs réactions : sourires et hochements de tête approbatifs… ça plait ! Je connaissais le morceau presque par cœur et j’attendais le moment de l’entrée des chœurs. Début timide, je tends l’oreille… ça passe mais je les encourageais par la pensée. Frissons, chair de poules, les larmes me montent aux yeux ! ça se réalisait enfin là, devant moi ! Arrive un break, la foule harangue les musiciens et leurs choristes… c’est une montée en puissance pour un final superbe !!!
L’ovation du public est une belle récompense et le salut des musiciens avec Stéphane le professeur est très émouvante.
Ça a marché !!!! C’était grandiose, émouvant, un moment unique qui a laissé tous le monde bouche bée ! J’ai croisé certains parents qui m’ont félicité alors que je repartais en courant en backstage. Le bassiste d’un des groupes qui jouait ensuite m’a même avoué avoir été ému aux larmes. Je suis aux anges !
J’étais contente et fière ! Que ce projet ait abouti avec succès, que les enfants aient vécu une belle expérience, que le public soit resté scotché, et les parents comblés, que les musiciens se soient régalés… et que Stéphane ait gardé le sourire accroché aux lèvres jusqu’à son départ du festival quelques heures plus tard !
La suite est allée très vite et la pression est redescendue après le départ des enfants avec leurs parents. On a enfin pu aller boire un coup à notre santé avec les musiciens de SUE et Stéphane, tous prêts à renouveler l’expérience !

MR06 : Un DVD de « Les Voix d’Enfer » va sortir prochainement, que pourra-t-on y trouvé ? Et à qui s’adresse t’il, aux parents des enfants de la chorale, aux fans du groupe S.U.E ? Et où pourra-t-on le trouver ?

Maud : Le DVD est le making-of du projet. Monté grâce aux images tournées en répétitions et au concert, il est agrémenté d’interviews et retrace les étapes phares du projet, dans son aspect artistique et pédagogique.
Ce film n’est pas commercialisé et a pour l’instant été diffusé à tous les partenaires du projet, les enfants, les musiciens, les bénévoles….. Il est le témoin de cette aventure unique et inoubliable, et permet à chacun de valoriser son travail dans cette expérience.
Tous les partenaires du projet ont, je pense, trouvé un intérêt et une satisfaction artistiques, pédagogiques, professionnels, humains… à offrir leurs compétences si complémentaires au service d’une action culturelle aussi originale.

MR06 : Merci Maud, et encore bravo pour ton initiative « Les Voix d’Enfer ». On se reverra certainement très bientôt pour le prochain Tomawok Fest, comme d’hab’ quoi…. !

Maud : Merci à toi ! Je tiens encore à remercier toute l’équipe, dont tu fais partie, qui m’a soutenue, appuyé et permis de réaliser ce projet délirant ! Cette expérience montre aussi que l’implication de gens passionnés et bourrés de qualités humaines et artistiques, permet de faire vivre un projet, même à très très petit budget…
Mais oui, bien sûr qu’on se revoit au prochain Tomawok ! J’espère seulement que le public ne sera pas trop déçu de ne pas retrouver Les Voix d’Enfer … ! ;-) A suivre donc…